• Depuis quelques jours  la thèse de Julien Trapp, Président d'Historia Metensis est disponibles chez les libraires sous le titre : "L'archéologie à Metz. Des antiquaires à l'archéologie préventive" (Presses universitaires de Rennes, 27€).

     

    Portant sur l'histoire de l'archéologie messine entre le XVIIIe siècle et aujourd'hui, elle vous présentera l'évolution des mentalités, des méthodes et des institutions d'une discipline indispensable à la compréhension de l'histoire de la ville de Metz.

     

     

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  • Jacob de Keskastel, bombardier de la cité de Mets, aux origines de la tour Cammoufle

    Jacob de Keskastel, bombardier de la cité de Mets, aux origines de la tour Cammoufle .... 

     

    Étant un des rares vestiges de la fortification médiévale,  la tour Cammoufle domine encore aujourd’hui l’avenue  Foch à Metz. La chronique de Philippe de Vigneulles,  rédigée dans la première décennie du XVIe siècle,  rapporte :

    « En celle meisme année (1437), fut faicte en Mets la tour en Champ à Panne, qu'on dit à présent la tour Commoufle, laquelle est belle et bien deffendable et necessaire pour deffendre celle partie. Et fut faite, comme l'on dit, à la requeste et remonstrance d'ung bombardier qui se nomoit Commoufle, duquel on disoit qu'il tiroit, trois fois le jour, où il voloit, et qu'il usoit d'art magicque : et pour ces choses et plusieurs aultres, il fut envoié à Rome pour estre absous de cest pechié. Mais touttesfois au nom de luy fut celle tour ainsy appellée. »

     

    Les registres du receveur de la cité contiennent plusieurs quittances[1] dans lesquelles mention est faite d’un Jacob (Jakob, Jacot, Jacquot) de Castel, dit Kommoff (Commoff, Comeoff). Il est donné comme originaire de Keskastel, petit village sur les rives de la Sarre, dépendant de l’abbaye de Herbitzheim (c’était notamment la résidence du prévôt de cette abbaye) aujourd’hui situé dans le département du Bas-Rhin, mais se trouvant alors dans la partie germanophone du diocèse de Metz.

    Ce surnom de « Commoffle » lui fut sans doute attribué d’après une locution familière qui l’aurait caractérisé : « kome uff »[2]. Aufkommen en allemand moderne signifie notamment : réussir, gagner, avoir du succès ; il serait ainsi possible de le traduire comme « Gagné », « J’l’ai eu » ou « Dans le mille » en rapport avec une adresse au tir reconnue de tous et qui lui vaudra selon la tradition, quelques démêlés avec l’Inquisition. La tradition locale rapporte en effet qu’il dut aller se justifier en cour de Rome d’une inculpation de sorcellerie en rapport avec une habileté rapidement qualifiée de « démoniaque » au tir.

     

    Le personnage émarge comme soldoyeur au service de la cité de janvier 1429, n.st 1430 (HMB, p. 216) au 30 novembre 1434 (quittance générale en quittant le service de la cité, HMB, p. 321). On le voit néanmoins reparaitre, toujours comme soldoyeur, à partir de mars-avril 1438 (HMB, 453) jusqu’en novembre-décembre 1443 (HMB, p. 298).

     

    Jacob de Keskastel, bombardier de la cité de Mets, aux origines de la tour Cammoufle

     

    La Chronique dite de Praillon (Huguenin, p. 205) rapporte l'un de ses faits d'armes :

    « 1439 (nouveau style) Le quatriesme jour dudit mois de febvrier, arrivait à Noviant sus Muzelle, le seigneur de Panesach, capitaine de France, acompaignié de plus de huit cents chevaulx, et courrurent à Corney et à Joiey, et tuont ung home à Corney. … Et les seigneurs de Mets firent faire une neif batelliere (sic pour bataillère) où ilz mirent plusieurs compaignons de guerre en icelle ; et furent commis pour chiefs et capitaines d'icelle neif Jaicomin Symon, et ung soldoyeur, appellé Comoffle, laquelle fut conduite à mont l'yawe jusques en droit Noviant (Novéant). Et ceulx qui estoient en icelle neif, se portont si vaillamment que lesdits Gascaires (Gascons) ne polrent venir à Ancey ne à Airs, où ilz avoient grant volloir de logier, et les tinrent si court qu'il fut force ausdits Gascaires de eulx partir de Noviant, et s'en allerent logier à Saincte Marie aux Chesnes, à Sainct Priveis la Montaigne et à Raucourt. »

    Absent des listes de janvier 1444 comme de celles qui suivent, on le retrouve comme maitre de bombarde pour la période du 1er novembre 1444 au 31 mars 1445, au cours de laquelle il est payé par quart d’an à 48 sols le mois (HMB, p. 437). Il est ainsi attesté comme l’un des onze maitres de bombarde au service de la cité pendant la guerre de 1444. Dans l’état actuel de notre documentation, on ne trouve plus aucune trace de lui par la suite.

     

                                                                  Pierre-Édouard Wagner, Conservateur en chef des Bibliothèques-Médiathèques de Metz


    [1] Éditées dans l’Histoire de Metz des Bénédictins Preuves tome V p. 216 et suivantes.

    [2] Kumof et Kommof se rencontrent également comme patronyme aux XVe et XVIe siècles en Allemagne rhénane comme en Bavière.


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  • Le 10 mars 2013, l’association Historia Metensis a réalisé le relevé topographique du dernier tronçon de l’enceinte médiévale de Metz (ill.1). Celui-ci comprenait les murs de courtine des XIIIe et XIVe s., la tour des Potiers d’étain, une bretèche (ou tour-porte ?), une fausse braie, un moineau (ou caponnière) et une tour d’artillerie. Comme les années précédentes, l’objectif de ce relevé était double : établir un relevé précis des restes des fortifications médiévales et les confronter aux sources en archives.

    Le relevé de l’enceinte médiévale de Metz (4e phase)

    1. Vue de la fausse braie de la porte des Allemands (1526-1527)

    Édifié au nord de la porte des Allemands dans le premier quart du XIIIe s., le mur reliant la porte des Allemands à la tour des Potiers d’étain était un mur de courtine. Par sa hauteur (8 m) et son épaisseur (3 m), il permettait de défendre la cité et de résister aux tirs de toutes sortes. Le mur actuel ne semble toutefois plus présenter son tracé originel. Écroulé une première fois en 1523 en raison de mauvaises conditions météorologiques, il est reconstruit en 1526, en même temps que le mur de fausse braie. Entre temps, la zone sert de carrière à ciel ouvert. D’après les vues anciennes, le tracé du mur semblait toutefois être rectiligne, ne présentant pas d’angles. Il est possible qu’une reconstruction du mur soit intervenue dans les années 1730 par L. de Cormontaigne, comme en témoignent plusieurs portes présentant un encadrement typique de cette époque. C’est à cette époque que la fortification est recouverte d’un rempart de terre.

     

    2. Vestiges de la tour des Potiers d'étain

    2. Vestiges de la tour des Potiers d'étain

    Le mur du XIIIe s. vient se raccorder à une tour d’artillerie, la tour des Potiers d’étain (ill.2). Construite en 1381, elle est de forme heptagonale. Remblayée par ce rempart de terre, elle est découverte en 1911 lors des travaux d’urbanisme allemands. Nos observations laissent penser que la tour était enserrée par un mâchicoulis et était voûtée. Elle faisait la jonction entre le mur de la Grève édifié à la même époque et le mur de l’Épaisse muraille, datant du XIIIe s. Il ne reste aujourd’hui que le départ de ce mur, mais à l’origine, il enserrait le quartier de la Grève, le laissant en dehors de toute protection. En raison de son nom, cette partie de la ville devait être inhospitalière à cause de la présence de sable et de gravier.

     

    Le relevé de l’enceinte médiévale de Metz (4e phase)

    3. Bretèche construite sur le mur de la Grève

    En 1381, la Grève est mise en sécurité par un mur, dont la partie nord a été étudiée en 2011. Détruit partiellement en 1911, le mur est construit en moellons équarris en calcaire de Jaumont. D’après les sources de la seconde moitié du XVe s., ce matériau local était extrait dans les carrières du mont Saint-Quentin, situées à quelques kilomètres à l’ouest de Metz. D’après plusieurs vues de l’époque moderne, il comportait des créneaux et des merlons percés de meurtrières. Ceux-ci ont été démantelés en 1676, car ils étaient devenus inutiles en raison de la mise en place d’un système de fortification bastionné voulu par Vauban.

     

    Le relevé de l’enceinte médiévale de Metz (4e phase)

    4. Caponnière Desch vue du nord

    Ce tronçon présente un élément remarquable, dont seule la partie ouest est visible, sa face avant ayant été remblayée par la fausse braie (ill.3). Sa configuration est similaire à la bretèche étudiée en 2011. Sa face avant est visible sur plusieurs documents de l’époque moderne. Elle diffère légèrement de cette dernière, mais pourrait correspondre également à une bretèche ou à une tour-porte.

    Le relevé de l’enceinte médiévale de Metz (4e phase)

    5. Intérieur de la caponnière Desch

    En 1526-1527, après l’effondrement d’une partie du mur, celui-ci est reconstruit et se voit doublé d’un massif mur de fausse braie, haut de plus de 13 m. Il est flanqué d’un moineau, traditionnellement dénommé « caponnière Desch » (ill. 4 et 5), et d’une tour d’artillerie (ill.6), toutes les deux équipées de canonnières. On ralliait ces deux ouvrages à l’aide de souterrains, détruits pour la plupart.

    Le relevé de l’enceinte médiévale de Metz (4e phase)

    6. Tour d'artillerie

    Cet important ouvrage est à mettre en relation avec la construction des salles de tir de la porte des Allemands en 1529, étudiées en 2012, et qui permettaient d’accéder à la fausse braie en toute sécurité. Tout ceci est l’œuvre de Philippe Desch, magistrat de la cité de Metz et alors gouverneur des Murs. Il a laissé plusieurs traces l’attestant, comme des bas-reliefs, une statue et des inscriptions. L’une d’elles, gravée sur la clé de voûte de la caponnière Desch (ill. 7), le désigne comme maître de l’ouvrage (de la fausse braie, de la caponnière et de la tour d’artillerie). Cette même inscription mentionne un certain Pierron Peltre comme clerc (secrétaire) des gouverneurs des Murs, Thiedrich comme maître maçon et Faquenel comme maître d’œuvre de la caponnière. Cet ensemble architectural présente la particularité d’être orné de bas-reliefs à caractère militaire (boulets explosifs, pointes de diamant…). Une autre inscription nous informe que la partie sud de la fausse braie a été construite sur pilotis, tandis que la partie nord l’a été à partie de fondations réalisées avec un coffrage en bois.

    Le relevé de l’enceinte médiévale de Metz (4e phase)

    7. Inscription dans la caponnière mentionnant Philippe Desch comme maître d'ouvrage


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  • Le relevé de l’enceinte médiévale de Metz (3e phase)

     Salles est de la porte des Allemands vues de l'est

    Les 23 et 24 août 2012, l’association Historia Metensis a profité des travaux de réhabilitation des salles de la porte des Allemands pour réaliser leur relevé. Trois salles construites entre 1529 et 1531 ont ainsi été étudiées par ses bénévoles. Comme pour les tronçons de l’enceinte médiévale étudiés les années passées, l’objectif était double : établir un relevé précis de ces vestiges et les confronter aux sources en archives.

    Le relevé de l’enceinte médiévale de Metz (3e phase)

     Archère bouchée lors de la construction du passage voûté

     Avant 1529, date de construction du passage voûté (salle occidentale), il n’existait que la porte primitive, augmentée d’un baile et d’un ouvrage avancé construits en 1444. Le mur d’enceinte, construit avant 1216, venait buter contre la tour nord. Il était percé d’archères, rebouchées lors de la construction du passage voûté en 1529. 

    Le relevé de l’enceinte médiévale de Metz (3e phase)

    Passage voûté construit en 1529

    Afin de pouvoir accéder à la fausse braie - construite en 1526-1527 - depuis la porte des Allemands, Philippe Desch, gouverneur des Murs, fait construire contre le mur du XIIIe s. un passage voûté (salle ouest) en 1529, comme l’atteste une inscription gravée sur un des blocs de la voûte. Longue de 19 m pour 7 m de large, cette salle de 158 m² s’élargit vers le sud. Elle est recouverte d’une voûte, soutenue par huit arcs en berceau. Leurs claveaux sont des blocs taillés en calcaire de Jaumont, dont les joints sont composés de feuilles d’ardoise, matériau résistant aux fortes pressions, au gel et aux intempéries. Une série de marques numériques (de I à VII) a été gravée sur les claveaux afin de signifier l’ordre de pose. D’autres marques, relevées sur les claveaux de l’arc de la façade nord, révèlent le travail d'au moins cinq tailleurs de pierre. À l’origine, l’accès au passage voûté depuis la porte des Allemands se faisait à partir de la plateforme située au-dessus des salles grâce à une tourelle d’escalier, dont les vestiges sont encore visibles. Cette tourelle semble perdurer jusqu’à la mise en place - probablement en 1735 - de deux escaliers qui permettent aujourd’hui d’accéder à la salle basse. 

    Le relevé de l’enceinte médiévale de Metz (3e phase)

      Inscription mentionnant Philippe Desch comme maître d'oeuvre du passage voûté

    Peu de temps après, une seconde salle est construite à l’est du passage voûté (salle ouest). La tourelle d’escalier semble être conservée et rester l’unique accès à ces salles depuis la porte des Allemands, comme le montre la réfection réalisée dans le mur médian lors de la construction de l’escalier d’accès à la salle basse. La porte percée dans le mur méridional n’est qu’un ajout du début du XXe siècle. L’architecture de cette seconde salle est similaire à celle du passage voûté (salle ouest). D’une surface de 122 m², elle est longue de 20 m et large au maximum de 7 m. Les plans anciens montrent qu’à l’origine, il est probable que le mur oriental n’était percé que par une, voire plusieurs canonnières, et non par des fenêtres qui sont des ajouts ultérieurs, comme les quatre coussièges. Cette salle devait ainsi servir de salle de tir, tout en permettant aux soldats de rester à l’abri pour rejoindre la fausse braie. Quant à la date de construction de cette seconde salle, elle demeure incertaine, bien qu’il soit sûr qu’elle ait été construite entre 1529 et 1552, date à laquelle aucun ajout n’est opéré sur les éléments militaires médiévaux. Dans son étude, Christian Corvisier avance la date de 1531 en raison de l’architecture similaire de la salle basse du baile construite à cette époque.

       Le relevé de l’enceinte médiévale de Metz (3e phase)

    Vestiges de la tourelle d'escalier

    Simultanément, une salle basse a été construite sous la salle est. D’une superficie de 77 m², elle est longue de 20 m pour une largeur de 7 m, tandis que sa hauteur sous voûte est de 6 m. Le mur oriental est percé de trois canonnières, dont une n’est visible que depuis l’extérieur, puisqu’à l'intérieur elle est cachée par un escalier construit à l’époque moderne.  

    Le relevé de l’enceinte médiévale de Metz (3e phase)

     Salle est

    Au cours des siècles suivants, plusieurs remaniements ont lieu. En 1675, en raison des aménagements de Vauban, le passage voûté est cloisonné et transformé en écuries. En 1735, après la construction des bâtiments sur la plateforme, la tourelle d’escalier est probablement détruite et de nouveaux escaliers, notamment celui d’accès à la salle basse, sont construits. C’est probablement à cette époque qu’une première fenêtre est percée au sud du mur oriental. Entre 1907 et 1944, une annexe des Musées de Metz est installée dans les salles hautes, accueillant les collections d’arts et traditions populaires du Pays messin. Pour cela, plusieurs modifications sont apportées. Plusieurs portes et fenêtres sont percées dans les murs des deux salles hautes. On peut rapprocher ces transformations avec celles entreprises par E. Viollet-le-Duc au milieu du XIXe siècle en France. Abandonnées depuis 1944, les salles sont réhabilitées par la ville de Metz en 2014. 

    Le relevé de l’enceinte médiévale de Metz (3e phase)

    Voûte de la salle basse


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  • Commander le DVD, "Metz, l'évolution de la fortification au Moyen Age"

     La sortie de notre DVD "Metz, l’évolution de la fortification au Moyen Age" approche à  grands pas. Si vous ne pouvez être présent au Salon du livre d'histoire de Woippy les 15 et  16 novembre prochaine, vous pouvez commander le DVD via le bon de commande ci-  dessous.

     

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      Pour rappel, ce DVD comprend une version sonorisée du film, des sous-titres (français,  anglais et allemand), les panneaux de l'exposition  "Défendre Metz au Moyen Age, de  nombreuses images d'archives ainsi que d'un accès au livret pédagogique. 


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