• Le dernier numéro des Cahiers lorrains vient de paraître (n° 3-4 de 2015). Vous y trouverez, entre autres, d'un nouveau compte rendu des relevés de l'enceinte médiévale de Metz par Historia Metensis. Il s'agit du tronçon construit au nord de la porte des Allemands. Bonne lecture !

     

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  • Le Glencairn museum, situé à Bryn Athyn en Pennsylvanie et consacré à l’art religieux, conserve un étonnant bas-relief représentant une mère et son enfant. Ce bas-relief, acheté par le milliardaire Raymond Pitcairn en 1924 auprès d’un antiquaire parisien, provenait de Metz, et plus particulièrement d’une maison située au numéro 28 de la rue Saint-Gengoulf, où il était utilisé en remploi, intégré dans un mur.

    Le bas-relief messin du Glencairn museum

    Ce relief de forme rectangulaire représente une femme debout, offrant son sein à un enfant. Le cadre dans lequel s’inscrivent les personnages est orné de feuilles d’acanthes dans sa partie supérieure. La silhouette longiligne de la femme, ses longues tresses ainsi que sa robe aux amples manches et à la ceinture nouée ne sont pas sans rappeler d’autres reliefs de style roman tardif, comme le couple de pèlerins conservé au musée lorrain de Nancy ou les larges reliefs aujourd’hui visibles dans le cloître attenant à la cathédrale de Verdun.

    Le bas-relief messin du Glencairn museum

    Cette œuvre a longtemps été considérée comme une représentation de la Vierge allaitant l’Enfant (Virgo lactans) et fut présentée comme étant « la Madone de Saint-Gengoulf » dans plusieurs catalogues anciens. Pourtant, rien ne relie cette statue à l’église paroissiale si ce n’est que la maison où a été trouvée se situait dans cette paroisse. De plus, la pierre dans laquelle ce relief a été taillé n’est pas d’une origine locale : il s’agit en effet d’un calcaire bourguignon, ce qui laisse à penser que cette œuvre a été apportée à Metz, peut-être de Bourgogne. Il est d’ailleurs à noter qu’une abbaye proche de Langres, l’abbaye cistercienne de la Crête, possédait une maison dans la rue Saint-Gengoulf.

     

    En regardant attentivement la composition de la scène représentée sur le relief, on est surpris par l’attitude de l’enfant. Celui-ci, entièrement nu, semble se détourner du sein de la femme voire de le repousser de sa main gauche. Ce refus du sein nourricier nous éloigne totalement d’une représentation d’une Vierge allaitant l’Enfant. En revanche, il nous rapproche d’un épisode de l’enfance de saint Nicolas : la légende veut qu’il ait, dès sa plus tendre enfance fait vœu de tempérance en jeûnant tous les mercredis et les vendredis. Une prière dans un livre d’Heures messin du XIVe siècle mentionne d’ailleurs cet épisode : « Glorious sire saint Nicholais qui en l'a[i]ge de deux ans ancomancestes (commença) a j(e)uner deus jours ». 

     

    Le bas-relief messin du Glencairn museum

    Ce relief représente donc le tout jeune saint Nicolas se détournant du sein de sa mère ou de sa nourrice afin de rejeter les plaisirs de l’existence terrestre. Cette austérité de l’enfant est particulièrement sensible dans cette sculpture : le geste déterminé de l’enfant s’oppose de manière symétrique au bras de la mère offrant son sein, offrant une scène à la tension palpable. Cet épisode a été à plusieurs reprises représenté dans des abbayes françaises, comme à Saint-Maur-des-Fossés ou à Châlons-sur-Marne.

     

     Le bas-relief messin du Glencairn museum


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  • Au début du XVIe siècle, Metz est une cité prospère et connaît une certaine stabilité politique. La ville est alors dirigée par de grandes familles patriciennes, dont fait partie la famille Dex (Daix, d’Esch ou Desch). Philippe III Dex en est un de ses membres les plus puissants à cette époque. Patricien converti à la nouvelle religion protestante, maître échevin et gouverneur des Murs, il entreprend l’amélioration de la fortification messine, au nord de la porte des Allemands entre 1526 et 1529.

    Un magistrat puissant

    Philippe Dex, un patricien au service de la fortification messine 

    Fig. 1 : Arbre généalogique de la famille Dex (ou Desch) (DAO : J. Trapp, M. Didiot, P.-M. Mercier - Historia Metensis)

     

    Philippe III Dex est le fils de Nicolas Ier Dex, chevalier et maître échevin en 1483, et de Catherine Chaverson, mariés en 1476. Philippe épouse Gertrude, fille de Renaud de Gronnais, dont il a deux fils : Renaud et Philippe. Veuf en 1510, il se remarie avec Agnès Dabrienne, fille de Jean Dabrienne, maître échevin en 1494. La date de la mort de Philippe Dex est inconnue. Un document du 25 février 1531 le mentionne. Puis, dans un livre de comptes de 1531, Philippe III représente Nicole Dex pour toucher un cens que la cité lui doit au terme de Noël 1531. Après cette date, plus aucune source ne l’évoque. Sa mort peut donc être située à la fin de l’année 1531 ou au début de l’année 1532. Né probablement après 1476, date du mariage de ses parents, il meurt donc à l’âge de 50-55 ans.

     

    Philippe Dex, un patricien au service de la fortification messine

    Fig. 2 : Metz, caponnière Dex, vue du nord (Cl. J. Trapp - Historia Metensis)

    Philippe III a occupé de nombreux postes importants au sein de l’administration de la ville. Il est chevalier, maître-échevin à deux reprises (1502 et 1527), aman de Saint-Étienne et échevin du palais (au moins depuis 1496 jusqu’en 1531). Entre 1513 et 1531, il fait partie à dix reprises des Sept de la Guerre chargés de la mise en défense de la cité. En 1518, il est maître et gouverneur de l’artillerie de la cité de Metz avec François de Gronnais. En 1504, 1507, 1511, 1521 et 1523, Philippe III Dex est membre du conseil des Treize. Il est maître des Changes en 1506 et gouverneur de la Bulette à quinze reprises entre 1504 et 1529. Enfin, il est gouverneur des Murs – c’est-à-dire en charge de l’entretien de la muraille – en 1526, 1527, 1528 et 1529. Le cumul de ces magistratures en fait donc un personnage important de la vie politique messine au cours du premier tiers du XVIe siècle.

     

    Un artisan de la fortification messine

     Au XVIe siècle, Philippe Dex intègre, comme certains de ses ancêtres, l’administration de la ville. Jacques Dex, son arrière-grand-père, était en effet déjà gouverneur des Murs entre 1439 et 1451. Si Philippe Dex est mentionné en 1506 dans les comptes des gouverneurs des Murs, il n’a pas encore de fonction dans l’administration des murs. Les inscriptions présentes dans les salles de la porte des Allemands et la caponnière Dex permettent de mettre en évidence le rôle prépondérant qu’il a joué dans les travaux effectués entre 1526 et 1529. Philippe Dex est Maistre des Murs, c’est-à-dire Sept des Murs, Sept de la Guerre et gouverneur des Murs en 1529.

    Philippe Dex, un patricien au service de la fortification messine

     

     

     

    Fig. 3 : Inscriptions liées à Philippe Dex Metz présente dans la caponnière Dex (a et b) et dans la salle de tir occidentale de la porte des Allemands (c) (DAO : J. Trapp - Historia Metensis)

    a : « L'an mil cincq cent vingt et sept / Seigneur Philippe Dech estoit maistre échevin de Mets / Chief et gouverneur de ceste ovvraige / Pieron Peltre clerc soliciteux des gaige / Thiedrich dudy ovvraige maistre masson / Faquenel conducteur des manovvre bon compaignon. »

    b. : « PH(ilipp)E DEX »

    c. : « Sir Philippe dex Maistre / Et gouverneur de l’ouvraige / en la(n) 1529 »

     

     

     

     

     

     

    L’inscription « gouverne[u]r de louvraige », présente dans une des salles de tir de la porte des Allemands, laisse penser qu’entre 1526 et 1529 Philippe a à sa charge la porte et la portion de murs attenante. Sur chacune de ces inscriptions sont gravées des guimbardes, instrument de musique devenu symbole de la famille Dex.

     

    Philippe Dex, un patricien au service de la fortification messine

    Fig. 4 : Salle de tir occidentale de la porte des Allemands (Cl. J. Trapp - Historia Metensis)

    Le coût de ces travaux, mentionnés dans les comptes de la ville, est colossal : plus de 8 000 livres. Le clerc des gouverneurs des Murs, en place depuis 1523, se nomme alors Pierron Peltre et est mentionné dans l’inscription de la caponnière. Le gouverneur des Murs a donc associé le clerc et plusieurs autres personnes à l’ouvrage qu’il a fait réaliser.

    Philippe Dex, un patricien au service de la fortification messine

    Fig. 5 : Buste de Philippe III Dex conservé au Musée de La Cour d’Or (Cl. L. Kieffer - Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole)

     

    Les mentions relatives à Philippe Dex sont rares dans les fonds archivistiques. Elles permettent cependant de dresser le portrait d’un homme qui a occupé les postes les plus importants de la ville avec succès. Il laisse derrière lui la plus belle portion de l’enceinte de la ville encore visible aujourd’hui, la caponnière Dex veillant fièrement sur le cours de la Seille. 

     

    Philippe Dex, un patricien au service de la fortification messine

    Fig. 6 : Bas-relief représentant Philippe III Dex sculpté sur la caponnière Dex (Cl. J. Trapp - Historia Metensis)


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  • A l'occasion des Journées européennes du Patrimoine, une conférence a été présentée par Julien Trapp et Nicolas Gasseau dans le salon de Guise de l'hôtel de ville de Metz, le samedi 19 septembre à 16h.

     Reconstituer le patrimoine messin - L’apport de la 3D

    Ayant pour thème l'apport de la 3D pour reconstituer et comprendre le patrimoine messin, elle a connu un vif succès. Les intervenants ont porté un regard croisé d'historien et d'infographiste sur les images 3D à l'usage du patrimoine, expliquant la démarche utilisée par l'association pour ses divers projets faisant intervenir cette technologie (film sur les fortifications, Atlas historique de Metz, ...)

     

    Reconstituer le patrimoine messin - L’apport de la 3D

     


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  • Vous pourrez découvrir dans le dernier numéro des Cahiers Lorrains un article d'une des membres d'Historia Metensis. Mylène Didiot vous propose de découvrir les comptes des gouverneurs des Murs, qui étaient chargés de l'entretien de l'enceinte médiévale de Metz.

     

    L'étude des comptes des gouverneurs des Murs : un nouveau regard sur les fortifications médiévales de Metz

     

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