• Philippe Dex, un patricien au service de la fortification messine

    Au début du XVIe siècle, Metz est une cité prospère et connaît une certaine stabilité politique. La ville est alors dirigée par de grandes familles patriciennes, dont fait partie la famille Dex (Daix, d’Esch ou Desch). Philippe III Dex en est un de ses membres les plus puissants à cette époque. Patricien converti à la nouvelle religion protestante, maître échevin et gouverneur des Murs, il entreprend l’amélioration de la fortification messine, au nord de la porte des Allemands entre 1526 et 1529.

    Un magistrat puissant

    Philippe Dex, un patricien au service de la fortification messine 

    Fig. 1 : Arbre généalogique de la famille Dex (ou Desch) (DAO : J. Trapp, M. Didiot, P.-M. Mercier - Historia Metensis)

     

    Philippe III Dex est le fils de Nicolas Ier Dex, chevalier et maître échevin en 1483, et de Catherine Chaverson, mariés en 1476. Philippe épouse Gertrude, fille de Renaud de Gronnais, dont il a deux fils : Renaud et Philippe. Veuf en 1510, il se remarie avec Agnès Dabrienne, fille de Jean Dabrienne, maître échevin en 1494. La date de la mort de Philippe Dex est inconnue. Un document du 25 février 1531 le mentionne. Puis, dans un livre de comptes de 1531, Philippe III représente Nicole Dex pour toucher un cens que la cité lui doit au terme de Noël 1531. Après cette date, plus aucune source ne l’évoque. Sa mort peut donc être située à la fin de l’année 1531 ou au début de l’année 1532. Né probablement après 1476, date du mariage de ses parents, il meurt donc à l’âge de 50-55 ans.

     

    Philippe Dex, un patricien au service de la fortification messine

    Fig. 2 : Metz, caponnière Dex, vue du nord (Cl. J. Trapp - Historia Metensis)

    Philippe III a occupé de nombreux postes importants au sein de l’administration de la ville. Il est chevalier, maître-échevin à deux reprises (1502 et 1527), aman de Saint-Étienne et échevin du palais (au moins depuis 1496 jusqu’en 1531). Entre 1513 et 1531, il fait partie à dix reprises des Sept de la Guerre chargés de la mise en défense de la cité. En 1518, il est maître et gouverneur de l’artillerie de la cité de Metz avec François de Gronnais. En 1504, 1507, 1511, 1521 et 1523, Philippe III Dex est membre du conseil des Treize. Il est maître des Changes en 1506 et gouverneur de la Bulette à quinze reprises entre 1504 et 1529. Enfin, il est gouverneur des Murs – c’est-à-dire en charge de l’entretien de la muraille – en 1526, 1527, 1528 et 1529. Le cumul de ces magistratures en fait donc un personnage important de la vie politique messine au cours du premier tiers du XVIe siècle.

     

    Un artisan de la fortification messine

     Au XVIe siècle, Philippe Dex intègre, comme certains de ses ancêtres, l’administration de la ville. Jacques Dex, son arrière-grand-père, était en effet déjà gouverneur des Murs entre 1439 et 1451. Si Philippe Dex est mentionné en 1506 dans les comptes des gouverneurs des Murs, il n’a pas encore de fonction dans l’administration des murs. Les inscriptions présentes dans les salles de la porte des Allemands et la caponnière Dex permettent de mettre en évidence le rôle prépondérant qu’il a joué dans les travaux effectués entre 1526 et 1529. Philippe Dex est Maistre des Murs, c’est-à-dire Sept des Murs, Sept de la Guerre et gouverneur des Murs en 1529.

    Philippe Dex, un patricien au service de la fortification messine

     

     

     

    Fig. 3 : Inscriptions liées à Philippe Dex Metz présente dans la caponnière Dex (a et b) et dans la salle de tir occidentale de la porte des Allemands (c) (DAO : J. Trapp - Historia Metensis)

    a : « L'an mil cincq cent vingt et sept / Seigneur Philippe Dech estoit maistre échevin de Mets / Chief et gouverneur de ceste ovvraige / Pieron Peltre clerc soliciteux des gaige / Thiedrich dudy ovvraige maistre masson / Faquenel conducteur des manovvre bon compaignon. »

    b. : « PH(ilipp)E DEX »

    c. : « Sir Philippe dex Maistre / Et gouverneur de l’ouvraige / en la(n) 1529 »

     

     

     

     

     

     

    L’inscription « gouverne[u]r de louvraige », présente dans une des salles de tir de la porte des Allemands, laisse penser qu’entre 1526 et 1529 Philippe a à sa charge la porte et la portion de murs attenante. Sur chacune de ces inscriptions sont gravées des guimbardes, instrument de musique devenu symbole de la famille Dex.

     

    Philippe Dex, un patricien au service de la fortification messine

    Fig. 4 : Salle de tir occidentale de la porte des Allemands (Cl. J. Trapp - Historia Metensis)

    Le coût de ces travaux, mentionnés dans les comptes de la ville, est colossal : plus de 8 000 livres. Le clerc des gouverneurs des Murs, en place depuis 1523, se nomme alors Pierron Peltre et est mentionné dans l’inscription de la caponnière. Le gouverneur des Murs a donc associé le clerc et plusieurs autres personnes à l’ouvrage qu’il a fait réaliser.

    Philippe Dex, un patricien au service de la fortification messine

    Fig. 5 : Buste de Philippe III Dex conservé au Musée de La Cour d’Or (Cl. L. Kieffer - Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole)

     

    Les mentions relatives à Philippe Dex sont rares dans les fonds archivistiques. Elles permettent cependant de dresser le portrait d’un homme qui a occupé les postes les plus importants de la ville avec succès. Il laisse derrière lui la plus belle portion de l’enceinte de la ville encore visible aujourd’hui, la caponnière Dex veillant fièrement sur le cours de la Seille. 

     

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    Fig. 6 : Bas-relief représentant Philippe III Dex sculpté sur la caponnière Dex (Cl. J. Trapp - Historia Metensis)


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