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Relevé 2011 de l’enceinte médiévale de Metz
Le 28 mars 2011, l’association Historia Metensis a réalisé le relevé topographique d’un premier tronçon de l’enceinte médiévale de Metz. Ce dernier partait de l’actuel pont Demange à l’ancienne poterne en Chandellerue, et comprenait la tour des Esprits et le pont des Grilles de la Basse-Seille :
Le tronçon relevé en 2011
L’objectif de ce relevé était double : établir un relevé précis des restes des fortifications médiévales et les confronter aux sources en archives. En effet, aucune étude exhaustive n’a été faite sur ce sujet, alors qu’entre la fin du XVIe siècle et le début du XXe siècle, 80 % de l’ouvrage défensif ont été détruits. Sur les 5500 mètres originels, il ne reste aujourd’hui qu’un peu plus de 1000 m de mur, garnis d’une dizaine de tours, de deux poternes et d’une porte d’entrée, que constitue la porte des Allemands. L’édification de l’enceinte est achevée à la fin du premier quart du XIIIe siècle et elle protège un territoire d’environ 160 hectares.
Le tronçon étudié était considéré auparavant comme un ajout du début du XIVe siècle. Cependant, le relevé topographique a permis de combler quelques lacunes quant à la connaissance sur cette partie du front de Seille. Bien qu’abondantes qu’à partir du début du XIVe siècle, les sources d’archives et les chroniques nous ont fourni des informations permettant la compréhension de la fortification messine.
La bretèche
La partie relevée se compose d’un mur se raccordant au nord à une tour de flanquement, appelée depuis l’époque moderne « tour des Esprits », mais dont le nom médiéval est « tour des Barbiers et des Chandeliers de cire ». Formant un angle de 120° avec le mur précédent, un pont fortifié, ou pont des Grilles de la Basse-Seille, se raccroche sur cette même tour.
Le mur ne conserve aujourd’hui qu’une hauteur maximale de 7 m et est long de 87 m. Mais d’après les relevés conservés dans les archives, ce mur était haut de près de 13 m. Il est construit en calcaire de Jaumont, matériau local qui était extrait à l’époque dans les carrières du Mont Saint-Quentin.
Vue aérienne de l'enceinte
Quant à l’élément avancé sur le mur de courtine, qualifié jusqu’à aujourd’hui de tour des Chandeliers, il servait probablement de bretèche au Moyen Age. Sa partie supérieure est aujourd’hui tronquée, mais d’après des gravures, nous savons qu’elle possédait probablement un créneau et deux merlons sur chaque face. Cette bretèche devait probablement protéger une poterne percée dans le mur en contrebas.
La tour des Barbiers et des Chandeliers de cire présente une hauteur de 13 m dans sa partie encore visible pour un diamètre intérieur de 4,60 m. Elle était défendue par quatre canonnières percées à des endroits stratégiques du mur. Mais elle a été endommagée en 1944 par un tir d’artillerie.
La muraille et la tour des Barbiers et des Chandeliers de cire
Quant au pont des Grilles de la Basse-Seille, seule la partie supérieure du pont, constituée de deux arches, est encore visible. Mais auparavant, les deux bras de la Seille passaient sous les deux arches, et le pont pouvait assurer la protection du moulin de la Basse-Seille, situé plus au sud. Le pont des Grilles de la Basse-Seille étant le dernier pont sur le bras intérieur de la Seille, il constituait le prolongement du mur de fortification. Au XVe siècle, il était entretenu par la cité et était équipé de grilles (ou baires).
Mise en place des balises
Pour dater ce tronçon, postérieur à l’enceinte du XIIIe siècle, il est possible de se baser sur plusieurs éléments. Tout d’abord, s’il existait un hourd construit, même temporairement, sur la bretèche, il semblerait que ce type de construction était majoritairement en usage aux XIIe et XIIIe siècles. À partir du XIVe siècle, elles cèdent lentement la place à leur équivalent en pierre, les mâchicoulis, pour disparaître au cours du XVe siècle.
Plusieurs documents d’archives vont dans ce sens, puisque les annales de la cité rapportent qu’ « en 1381 fut commenciée à faire la nouvelle fermetée à la Grève au Champel » et que des « neufs murs » sont construits et attestés avant 1420 autour de la Grève. Il est donc probable que ce tronçon date de la fin du XIVe siècle et non pas du début de ce siècle.
Relevé des points du Pont des Grilles au théodolite
Un compte-rendu plus exhaustif est prévu d’ici la fin de l’année 2012 et sera publié dans la revue les Cahiers Lorrains.
L’association a poursuivi le 17 février 2012 le relevé de l’enceinte médiévale de Metz en étudiant la partie au nord de la section précédente comprenant les trois tours de la cité ainsi que l’ancienne poterne en Chaudelellerue, aujourd’hui murée.
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