• Le bas-relief messin du Glencairn museum

    Le Glencairn museum, situé à Bryn Athyn en Pennsylvanie et consacré à l’art religieux, conserve un étonnant bas-relief représentant une mère et son enfant. Ce bas-relief, acheté par le milliardaire Raymond Pitcairn en 1924 auprès d’un antiquaire parisien, provenait de Metz, et plus particulièrement d’une maison située au numéro 28 de la rue Saint-Gengoulf, où il était utilisé en remploi, intégré dans un mur.

    Le bas-relief messin du Glencairn museum

    Ce relief de forme rectangulaire représente une femme debout, offrant son sein à un enfant. Le cadre dans lequel s’inscrivent les personnages est orné de feuilles d’acanthes dans sa partie supérieure. La silhouette longiligne de la femme, ses longues tresses ainsi que sa robe aux amples manches et à la ceinture nouée ne sont pas sans rappeler d’autres reliefs de style roman tardif, comme le couple de pèlerins conservé au musée lorrain de Nancy ou les larges reliefs aujourd’hui visibles dans le cloître attenant à la cathédrale de Verdun.

    Le bas-relief messin du Glencairn museum

    Cette œuvre a longtemps été considérée comme une représentation de la Vierge allaitant l’Enfant (Virgo lactans) et fut présentée comme étant « la Madone de Saint-Gengoulf » dans plusieurs catalogues anciens. Pourtant, rien ne relie cette statue à l’église paroissiale si ce n’est que la maison où a été trouvée se situait dans cette paroisse. De plus, la pierre dans laquelle ce relief a été taillé n’est pas d’une origine locale : il s’agit en effet d’un calcaire bourguignon, ce qui laisse à penser que cette œuvre a été apportée à Metz, peut-être de Bourgogne. Il est d’ailleurs à noter qu’une abbaye proche de Langres, l’abbaye cistercienne de la Crête, possédait une maison dans la rue Saint-Gengoulf.

     

    En regardant attentivement la composition de la scène représentée sur le relief, on est surpris par l’attitude de l’enfant. Celui-ci, entièrement nu, semble se détourner du sein de la femme voire de le repousser de sa main gauche. Ce refus du sein nourricier nous éloigne totalement d’une représentation d’une Vierge allaitant l’Enfant. En revanche, il nous rapproche d’un épisode de l’enfance de saint Nicolas : la légende veut qu’il ait, dès sa plus tendre enfance fait vœu de tempérance en jeûnant tous les mercredis et les vendredis. Une prière dans un livre d’Heures messin du XIVe siècle mentionne d’ailleurs cet épisode : « Glorious sire saint Nicholais qui en l'a[i]ge de deux ans ancomancestes (commença) a j(e)uner deus jours ». 

     

    Le bas-relief messin du Glencairn museum

    Ce relief représente donc le tout jeune saint Nicolas se détournant du sein de sa mère ou de sa nourrice afin de rejeter les plaisirs de l’existence terrestre. Cette austérité de l’enfant est particulièrement sensible dans cette sculpture : le geste déterminé de l’enfant s’oppose de manière symétrique au bras de la mère offrant son sein, offrant une scène à la tension palpable. Cet épisode a été à plusieurs reprises représenté dans des abbayes françaises, comme à Saint-Maur-des-Fossés ou à Châlons-sur-Marne.

     

     Le bas-relief messin du Glencairn museum


  • Commentaires

    1
    BUTTNER Claude
    Lundi 7 Décembre 2015 à 22:33

    J'ai mis une photo de ce bas-relief en place, rue Saint-Gengoulf, avant son vol, sur ma page Fb.

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