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Le petit édifice de spectacle
Comme nous l’avons évoqué dans un précédent article, non loin de la Place de Chambre, les façades des maisons le long du quai Paul Vautrin ainsi que celles de la rue Sainte-Marie suivent une forme elliptique particulière. Ce phénomène, particulièrement visible sur une photo aérienne, permet de déceler l’ancienne implantation du bâtiment connu comme le petit amphithéâtre de Metz.
Superposition du projet de percement de la Rue de la Paux (1791) et d’une photo satellite (©Google Maps)
C’est, au plus tard, au début du IVe siècle que le petit amphithéâtre est édifié. Depuis l’abandon de l’amphithéâtre du Sablon (sur le site de l’actuel centre Pompidou), Divodorum cherche à se construire un nouvel édifice de spectacle. L’époque étant aux invasions barbares, les habitants trouvèrent plus prudent de l’établir plus proche de la ville, sur un terrain laissé vacant car inondable. Il est même probable qu’il ait été dès l’origine intégré à l’enceinte gallo-romaine, de façon à servir à la fois d’édifice de spectacle et d’élément de défense. Cette théorie permettrait d’expliquer sa forme très allongée quasiment unique dans le monde romain.
Présentant un plan elliptique de 75m sur 45m, l’amphithéâtre s’élevait à 12m environ côté Moselle, l’autre face étant plus basse du fait de sa construction à flanc de colline. Il était construit à la mode romaine (opus mixtum) : en petit appareil de calcaire de Jaumont, rythmé de cordons de briques. Les caves de la rue Sainte-Marie (généralement ouvertes pour les Journées du Patrimoine) permettent d’observer des couloirs de services et les murs soutenant les gradins, qui pouvaient accueillir de 5000 à 6000 spectateurs.
Le mur de l'édifice de spectacle visible dans une cave rue Sainte-Marie (© Historia Metensis)
Mais l’histoire de ce monument ne fait que commencer. A la fin du XIIe siècle, il est confié aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui réaménageront l’édifice, connu désormais sous le nom d’Hôpital de Saint-Jean-en-Chambre. A la Renaissance il change encore de mains, devenant Sainte-Marie-aux-Nonnains, et se voit fréquemment modifié. Chastillon en a réalisé une gravure en 1600 qui permet d’imaginer son état à cette époque : le mur d’origine est toujours visible, parsemé de fenêtres médiévales et renaissance et d’ajouts comme le clocher de l’église Sainte-Marie.
Ruines très antiques d'un amphithéâtre, gravure de Chastillon, 1604.
A la Révolution, l’édifice, devenu l’abbaye Saint-Louis, perdit son rôle religieux, et en 1797 on décida de remanier le quartier en créant de nouveaux axes de circulation. C’est pour préparer ce projet qu’a été réalisé le plan visible dans l’image en début d’article. Désormais découpé en parcelles, ce qu’il reste de l’édifice d’origine disparaît sous les nouvelles constructions, ne laissant apercevoir les traces de son histoire qu’au visiteur averti.
Voûte d’ogive rue Sainte-Marie (© Historia Metensis)
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