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Le développement de l’artillerie à Metz (XIVe-XVIe siècles)
À la fin du Moyen Âge, Metz est une cité puissante de 25 000 habitants environ, répartis sur 160 hectares et défendus par une enceinte urbaine de plus de 5 500 mètres. Elle dispose d’un système de défense complexe, géré par un collège de sept membres élus, les Sept de la guerre, tous issus des paraiges messins. Créés en 1323, ils disposent d’un budget conséquent, variable selon le contexte militaire. Ainsi, aux XVe-XVIe siècles, ces sommes représentent plus de la moitié du budget de la ville. Le développement de l’artillerie en Occident à partir du XIVe siècle vient également modifier la stratégie de défense de la cité.
La tradition littéraire mentionne la première utilisation d’arme à feu à Metz en 1324, lors de la guerre des Quatre Seigneurs, mais l’interprétation du texte tend à montrer qu’il s’agit plutôt d’armes de jet. La première attestation fiable d’armement à feu – des bombardes – dans le Pays messin date de 1348, lors d’une guerre menée par Metz dans le Saulnois. À partir de 1430, on assiste à une diversification de l’armement messin, comme partout en Occident, avec l’apparition de la couleuvrine, puis du veuglaire, de la serpentine et de la haquebute lors du siège de Metz de 1444. D’abord conservées dans plusieurs granges, notamment celle proche de la porte du Pont-des-Morts, ces armes sont ensuite progressivement réparties sur toute l’enceinte entre 1450 et 1475.
Couleuvrine provenant du château de Mardigny, près de Metz (fin XVe s.) (Musée de la Cour d'Or - Metz Métropole ; L. Kieffer ; inv. 82.20.1)
Un document daté de 1508 permet de bien appréhender l’état de l’arsenal messin. Reproduit dans le tome VI de l’Histoire de Metz par les Bénédictins, cet inventaire détaille l’état et l’emplacement des pièces d’artillerie sur l’enceinte, à l’intérieur des tours, des portes, ou encore des ponts. À cette date, la ville dispose un arsenal conséquent de 519 pièces. Il est composé de couleuvrines (48%), de haquebutes (31%), des serpentines (9%), de veuglaires (4%), de bombardes (4%) et de pièces diverses. Certains spécimens sont encore aujourd’hui conservés au Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole, comme ces deux serpentines, ces deux haquebutes et cette couleuvrine. Alors qu’au début du XVe siècle, les bombardes projettent des boulets en pierre, un siècle plus tard, l’essentiel des armes tire des boulets de fer ou de petites balles en plomb (ou plommées).
Serpentine provenant du château de Mardigny, près de Metz (fin XVe s.) (Musée de la Cour d'Or - Metz Métropole ; L. Kieffer ; inv. 127)
Afin d’acquérir une certaine autonomie dans la fabrication de ces armes, de leurs munitions et de la poudre (nécessaire au tir de projectiles), la cité se dote de plusieurs infrastructures. Entre 1478 et 1506, les Sept de la guerre font construire sur l’île du Saulcy une forge pour la réalisation de pièces d’artillerie. Puis, en 1518, ils aménagent dans une maison de la colline Sainte-Croix, dans l’actuelle rue de l’Abbé-Risse, une fonderie de serpentines. Pour produire de la poudre, les Sept de la guerre font aussi bâtir un moulin à poudre sur l’île du Saulcy. Enfin, des forgerons de la cité se chargent de fabriquer des boulets de fer, tandis que des moules en cuivre, conservés dans certaines tours, permettent de couler des plommées.
Haquebutes provenant du château de Mardigny, près de Metz (fin XVe s.) (Musée de la Cour d'Or - Metz Métropole ; L. Kieffer ; inv. 82.20.3 et 4)
Cet important arsenal, plus important que celui du duc de Lorraine, est comparable à celui des grandes villes du Saint-Empire romain germanique ou à ceux de certains grands seigneurs, comme le duc de Bourgogne. Habillement réparties sur l’enceinte, ces armes ont permis à Metz de se défendre contre les agressions extérieures jusqu’en 1552.
Soldats tirant à la haquebute lors du siège de Metz en 1552 (détail ; BM Metz)
Pour aller plus loin
Emmanuel de Crouy-Chanel, Canons médiévaux : puissance de feu, Paris, REMPART, 2010, 128 p.
Lorédan Larchey, « Les maîtres bombardiers, canonniers et couleuvriniers de la cité de Metz », Mémoires de la Société d’Archéologie et d’Histoire de la Moselle, 1861, p. 107-193.
Léon Maujean, « L’emploi des premières armes à feu dans la cité de Metz », Mémoire de l’Académie de Metz, 1923, p. 139-151.
Tags : Metz, armes à feu, Moyen Âge
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