Le "Musée d'Architecture" du Musée de La Cour-d'Or Metz Métropole
Depuis les travaux de Gérald Collot (conservateur du Musée de Metz entre 1957 et 1987), très peu d’études ont été menées sur l’architecture civile messine du Moyen Age et de la Renaissance. Passionné par ce patrimoine -dont le devenir était incertain face aux grands travaux d’aménagements urbains et à la réhabilitation de quartiers tout entiers depuis le début des années 1960- ce conservateur a su réagir en conséquence et récupérer des éléments architecturaux de nature variée - allant de simples fragments à des structures extrêmement imposantes - afin de les faire entrer dans les collections du musée.
Ill.1.Vue de la cour du Grenier de Chèvremont. avec la façade de l’ancien Hôtel de Philippe le Gronnais, et un élément de colombage provenant de l’ancienne rue Ladoucette. Photographie : ©Laurianne Kieffer, Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole.
Tous se rencontrent dans les salles du musée consacrées à la présentation des grands principes de constructions religieuses et civiles, ainsi qu’aux spécificités de l’architecture messine. En effet, à cette époque, la maison traditionnelle messine était singulière. Gérald Collot insistait sur sa décoration, l’agencement de ses façades, sur son volume, très simple, cubique, mais aussi et surtout sur son couvrement original à rapprocher de l’architecture civile des Républiques Italiennes. Les quatre murs simples qui composent la demeure dissimulent l’extrémité inférieure des toitures de tuiles creuses, si bien qu’à faible distance, la maison messine donne l’impression de ne pas comporter de toiture mais une terrasse. La façade, crénelée ou non, (comme celles de l’actuelle Place Saint-Louis ou du Grenier de Chèvremont), donne la sensation qu’il s’agit d’un décor de théâtre, que Gérald Collot a nommé « façade écran ».
Ill.2. Vue de la salle gothique – fenêtres à arcs brisés provenant de l’ancienne église Saint-Livier de Metz, XIIIe siècle – à gauche : portes du Jubé provenant de l’ancienne église des Grands Carmes de Metz, XVe siècle. Photographie : ©Laurianne Kieffer, Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole.
C’est ainsi qu’à force de récupérations, une grande collection de vestiges de l’époque médiévale et du début de la Renaissance (du XIIe siècle au XVIe siècle environ) s’est constituée au fur et à mesure des opportunités qui se présentaient sur les chantiers municipaux. On y trouve des linteaux romans, des fenêtres gotiques à arcs brisés d’anciennes églises, des portes de Jubés du gothique flamboyant, des croisées d’ogives de caves voûtées, des clés de voûtes à diamètres variés, des tympans de fenêtres et de portes à arcature trilobés, des éléments de colombages et même la façade toute entière de l’ancien Hôtel Patricien de Philippe le Gronnais.
Une fois réunis, ces éléments architecturaux ont été présentés de manière étonnante dans les nouvelles salles d’exposition du musée. D’ailleurs c’est en partie pour cette raison que la mise en place d’un concept muséographique novateur dans les années 1980, destiné à transformer des espaces d’exposition en un véritable « Musée d’Architecture », a participé à l’obtention d’une mention d’honneur au prix européen des musées en 1981.
Ill.3. Vue de l’espace du Musée d’Architecture consacré aux grands principes de l’architecture civile messine.
Photographie : ©Laurianne Kieffer, Musée de La Cour d’Or – Metz Métropole.
En effet, lorsque l’on traverse les salles du Musée consacrées à la mise en valeur de l’architecture messine –religieuse et civile- on ne peut que ressentir le parcours tumultueux de ces vestiges qui ont souffert. Gérald Collot a souhaité les mettre en scène de manière à recréer une atmosphère coupée de l’espace-temps, en jouant sur l’association de murs sombres et d’un éclairage relativement faible. Le visiteur est ainsi pris au jeu : les panneaux explicatifs confrontés aux vestiges authentiques sont sensés le préparer à la visite de la ville même, l’étape intermédiaire étant la fameuse cour du Grenier de Chèvremont, dans laquelle le conservateur a souhaité remettre certains vestiges en contexte, en les intégrant à la maçonnerie des bâtiments du musée. Seul le Grenier lui-même est à sa place originale, les autres façades étant des reconstitutions, excepté celle de l’Hôtel de Philippe le Gronnais qui fut intégralement déposée pour être remontée dans la cour.
| Pour en savoir plus et accéder au dossier, cliquez ici: |
|