• Soutenance de Doctorat

    Le 15 décembre 2012, Julien Trapp, Président d’Historia Metensis, a soutenu sa thèse de Doctorat en Histoire romaine à l’Université de Lorraine, sous la direction d’O. Dard (Université de Lorraine) et de S. Benoist (Université de Lille-3). Celle-ci portait sur « L’archéologie à Metz. Institutions, pratiques et résultats. Des travaux de Keune à l’archéologie préventive (1896-2008) ». Accueilli par le Musée de La Cour d’Or, le jury était présidé par J.-M. Demarolle, Professeure émérite à l’Université de Lorraine.

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    © Musée de La Cour d'Or – Metz Métropole 

    Les connaissances sur le passé antique de la ville de Metz résultent de plusieurs siècles de recherche archéologique débutée durant la Renaissance. Les premières mentions de découvertes remontent au début du XVIe siècle, dans la Chronique de Philippe de Vigneulles et s’amplifient à partir de la seconde moitié du XVIIIe s. grâce aux mises à jour de vestiges lors de la création de la place d’Armes. Le siècle suivant voit l’essor de l’Académie de Metz qui relaie l’information archéologique au sein de ses Mémoires. Ses membres alimentent en objets archéologiques le nouveau musée de la ville, créé en 1839. À partir de 1858, la Société d’Archéologie et d’Histoire de la Moselle prend le relai face aux importants travaux d’assainissement entrepris par le maire, F. Marechal.

    L’arrivée de Johann Baptist Keune à la Direction des Musées en 1896, au cours de la première annexion allemande, marque profondément l’archéologie locale. Influencée par l’archéologie allemande, en avance sur son homologue française, l’archéologie messine renouvelle en profondeur les connaissances sur le passé antique de la ville, notamment grâce à la fouille de l’amphithéâtre gallo-romain en 1902. J. B. Keune surveille chaque chantier d’urbanisme et prélève le moindre objet que livre le sol. On lui doit la parution des premières synthèses sur Metz à partir des découvertes archéologiques, notamment la publication sur le Sablon à l’époque gallo-romaine qui demeure à ce jour une référence.

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    Découverte d’un sarcophage dans une sablière du Sablon en 1905 (J. B. Keune est au milieu) (© Musée de La Cour d'Or – Metz Métropole)

     

    Toutefois, le retour à la France en 1918, entraîne un vide, comme sur tout le territoire métropolitain. Le nouveau conservateur des Musées, Roger Clément, tente, en vain, de marcher dans les pas de son prédécesseur, honteusement expulsé en 1919, malgré le soutien de nombreux savants français. La période de l’entre-deux-guerres n’est marquée que par la découverte des thermes gallo-romains sous les bâtiments des Musées.

    Au cours de la seconde Annexion, malgré une forte idéologie nazie, l’archéologie messine bénéficie une nouvelle fois de l’avancée de la science allemande, notamment lors des fouilles de Saint-Pierre-aux-Nonnains en 1942. La méthode stratigraphique est alors appliquée pour la première fois et les objets, comme la céramique ou les monnaies, sont dessinées selon des normes bien spécifiques.

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    Coupe stratigraphique réalisée par J.-J. Hatt lors du chantier de la Visitation en 1957 (© Musée de La Cour d'Or – Metz Métropole)

     

    Après la Libération en 1945, le manque d’encadrement de l’archéologie est une nouvelle fois flagrant, malgré la mise en place des Directions des Antiquités Préhistoriques et Historiques (DAPH). En raison de la période de la reconstruction, Metz connaît d’importants travaux d’urbanisme dans les années 1960 et 1970, entraînant la destruction de nombreux vestiges archéologiques. Jean-Jacques Hatt, Directeur de la DAPH d’Alsace-Moselle, épaulé par le jeune conservateur des Musées, Gérald Collot, assurent une surveillance systématique des chantiers d’urbanisme et la conduite de quelques fouilles, notamment celle de la Visitation en 1957. Au cours de celle-ci, J.-J. Hatt systématise la fouille stratigraphique.

    Entre 1974 et 1976, la destruction des vestiges de l’îlot Saint-Jacques et du quartier du Pontiffroy entraîne une véritable prise de conscience : les archéologues doivent intervenir en amont afin de prélever l’information archéologique. En 1978, soutenue par la DAH de Lorraine, C. Lefebvre crée le Groupe Universitaire Messin de Recherche Archéologique (GUMRA). Celui-ci assure la plupart des opérations archéologiques jusqu’en 1984, lorsque la DAH prend le relai. Après 1980 et la tenue du colloque de Tours, l’archéologie urbaine se développe. Les premières fouilles de sauvetage sont alors menées à Metz par le GUMRA, puis par l’Association pour les Fouilles Archéologiques Nationales (AFAN). Depuis 2002, l’Institut National de Recherche Archéologique Préventive (INRAP) est chargé des opérations archéologiques et est rejoint en 2007 par le pôle d’archéologie préventive de Metz-Métropole, sous couvert du Service Régional de l’Archéologie.

     

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    Mise au jour de l’enceinte de l’Antiquité tardive lors de la destruction de l’îlot Saint-Jacques en 1974 (© coll. part. P.-E. Wagner)

     

    La publication de cette thèse est prévue pour la fin de l’année 2014. D’ici là, un article détaillé devrait paraître dans les pages de la revue Les Annales de l’Est.


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