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    Si la ville de Metz d’aujourd’hui n’a cessé d’évoluer à travers le temps, une chose n’a jamais changé : son emplacement. En effet, la ville est née sur la colline de Sainte-Croix, à l’emplacement d’un oppidum gaulois (une place forte) de la fin du IIe s. av. J.-C. Moins de 150 ans plus tard, les habitants descendirent de cette colline pour occuper progressivement la plaine entre la Moselle et la Seille. Depuis lors, cet espace est toujours resté le cœur historique de la ville de Metz, à toutes les époques. La ville médiévale, moderne puis contemporaine s’est donc développée sur les vestiges de la ville romaine. De cette dernière, il reste pourtant plusieurs éléments encore visibles.

     

    Saint-Pierre-aux-Nonnains fait partie de ces éléments du passé antique de la ville, le seul dont l’état de conservation est remarquable. Il faut cependant noter que la transformation du lieu en église l’a modifié en profondeur. Toutefois, la base de la structure reste datée approximativement de la fin du IVe s. 

     

    St Pierre aux NonnainsSaint-Pierre-aux-Nonnains, AMM, 4Fi331

     

    Succédant à un atelier de potier, un édifice imposant (36,80 m de long, 21 m de large, haut de 20 m) à plan basilical d’une seule nef voit le jour, appartenant probablement à un ensemble thermal et pouvant faire office de palestre (lieu qui s’apparentait à une salle de sport). Cet ensemble n’est pas le seul exemple de thermes encore visibles à Metz.

    Thermes St Jacques

     

    En effet, sous le Musée de la Cour d’Or se trouvent d’autres thermes romains, datant du IIe s. L’existence de ce complexe thermal a été observé dès le XIXe s. et des recherches ont été effectuées durant le XXe s., notamment des travaux en 1932 qui ont permis de prendre conscience de l’importance des installations (environ 100 m de long sur 80 m de large). Peu de temps après, les vestiges sont intégrés au parcours muséographique du Musée et classés au titre des Monuments Historiques en 1938.

     

    Depuis le Ier s. et jusqu’au IIIe s, au moins un autre ensemble thermal fonctionnait dans la cité. Il se trouvait sous le Centre Saint-Jacques actuel et c’est lors de la construction de ce centre commercial à partir de 1973 que des vestiges de ce complexe ont été mis au jour, ainsi que de très nombreuses stèles (77 au total). Ces dernières découvertes sont entrées dans les collections du Musée mais certaines sont exposées dans le Centre Saint-Jacques.

     

     

    Vestiges des Thermes Saint-Jacques, d’après R. Jolin, « Les thermes Saint-Jacques à Metz », dans Les Cahiers Lorrains, 1982, p. 267

     

     

    Enfin, des vestiges d’un dernier grand bâtiment ont été retrouvés entre la Nexirue et la rue des Clercs. Un mur de cet édifice est intégré dans le restaurant Flunch. Il pourrait s’agir d’un édifice thermal étant donné qu’un système de chauffage par hypocauste a été mis au jour à plusieurs endroits. Cependant, faute d’études suffisantes, il n’est pas possible de se prononcer avec certitude sur la fonction de cet ensemble.

     

    Outre les édifices thermaux, quelques petites portions de l’enceinte antique restent visibles aux Messins. Dès le milieu du IIIe s., l’Empire traverse une crise sans précédent : les « Barbares » attaquent sur le Rhin, sur le Danube et en Orient. S’ensuivent des usurpations, des prises de pouvoir et une grave crise dans tous les domaines. Le calme semble rétabli sous Aurélien en 272-274, mais les Francs et les Alamans attaquent de nouveau en Gaule en 275-277. C’est suite à ces  incursions que les cités gallo-romaines vont s’enserrer dans une enceinte et Metz n’échappe pas à la règle. La construction de la muraille de la cité serait vraisemblablement datée de la fin du IIIe s. et son tracé est connu de manière générale, bien qu’il manque des informations sur quelques parties de son parcours. Le périmètre enclos faisait entre 60 et 70 hectares et la fortification mesurait entre 3 et 3,5 km.

     

    À l’est de la ville, l’enceinte passait juste au-dessus de l’actuelle place Saint-Louis. En face du numéro 55, un mur de pierre dépasse des toitures. Il a probablement été construit sur les vestiges d’une tour gallo-romaine qui appartenait à la muraille de la cité.

    55 place St LouisMur de pierre au-dessus du 55 place Saint-Louis, ©D. Rachula


    Parcelles rue Ste MarieFormes des parcelles inspirées du tracé du petit amphithéâtre (notamment les n°27, 61, 63, 64, 217 et 59), Plan Local d’Urbanisme, SIG Metz métropole

    Le tracé de cette dernière est moins certain près des rives de la Moselle. C’est à cet endroit que se trouvait le petit amphithéâtre de la ville, construit afin de pallier à l’inutilisation du grand amphithéâtre une fois Metz enserrée dans son enceinte. Situé entre la rue Sainte-Marie et le quai Paul Vautrin, il ne reste de cet édifice de loisir que quelques murs encore visibles dans les caves des particuliers. Cependant, sa forme singulière, en ellipse, a directement influé sur la topographie urbaine des rues environnantes. En effet, les parcelles du quai Paul Vautrin reprennent le tracé de l’édifice, de même que la rue Sainte-Marie elle-même.


     

    Au fur et à mesure des études, la topographie urbaine de Divodurum (Metz antique) nous apparait progressivement. Gageons que dans le futur, d’autres viendront les compléter car bien des mystères demeurent…


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     Dans le dernier numéro des Cahiers Lorrains qui vient de paraître, vous pourrez y lire, entre autres, un article de Julien Trapp, notre Président, portant sur les pratiques de l’écriture sur le site gallo-romain de Bliesbruck-Reinheim. Issue d’un Master 2 soutenu en 2006 à l’Université Paul Verlaine-Metz, cette étude se base sur le matériel issu des fouilles depuis une vingtaine d’années. Avec quels instruments les Gallo-romains écrivaient-ils ? Sur quels supports ? Mais surtout, qui écrivait ? Vous pourrez trouver un début de réponses à ces questions au sein de ce nouveau numéro.

     

    Pour se procurer ce numéro : http://shalmetz.canalblog.com/archives/adhesion_a_la_shal/index.html


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